Programme électronique 
de la fameuse soirée
sur "La matière de l'amour" 
avec Nouvelle Vague 
de Godard au programme 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

L'équipe du Dojo Cinéma 
au grand complet 
(mais bon comme ils sont 
timides, ils se cachent!)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 
 
 
 
  
  
Le Dojo Cinéma

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Il faut absolument au moins une fois dans sa vie se rendre au Dojo cinéma.
Situé à Montreuil-s/s-Bois, tout près de Paris et du marché aux puces, ce cinéma complètement hors-norme se veut un rendez-vous de réflexion autour du cinéma, et pas forcément sur le cinéma. Flirtant plutôt avec la philosophie (Platon notamment), il faudra être prévenu et ne pas s’attendre à regarder un bon vieux film tranquille dans ses pénates. Comme le répète le propriétaire des lieux, le Dojo est un lieu de pratique, il faut donc à défaut de montrer ses propres essais cinématographiques, participer à la discussion, souvent de haute volée, qui suit la projection. Attention ! On est là bien loin des Dossiers de l’Ecran de notre jeunesse télévisuelle. Ici, les phénomènes de société sont traitées par le bout de la lorgnette philosophique et intellectualisante. On en ressort complètement lessivé, se disant qu’on n’est pas à sa place, mais que faire l’expérience est à tenter. Certes tout ceci est très intellectualisé, mais après tout quel mal y-a-t-il ?… 

C’est vrai qu’au vu de l’affichage sauvage qui annonce chaque séance du Dojo cinéma dans les rues de Montreuil, et l’annonce d’un repas qui suit la projection, on peut s’attendre à une ambiance bon enfant, squatt et compagnie. En fait, l’endroit est plutôt coquet, une ancienne petite usine ou atelier transformé en résidence à l’abri des regards discrets, parmi lesquels un appartement convivial où se livrent à vous tout un tas d’ouvrages, les lectures du maître des lieux qui annoncent la couleur. Un groupe de personnages discutent fiévreusement, sans mondanités apparente. Une large table est dressée sur laquelle se trouvent dispersés quelques publications sommaires au discours très abscons, et un enregistrement de discours de Jacques Chirac, à l’époque pas encore réélu. Une fois tout le monde arrivé on se dirige vers le sous sol où se trouve le Dojo en question. On enlève ses chaussures et on se retrouve sur le tatami, là où semble-t-il le principal organisateur prodigue des cours de judo. Un vaste écran de toile blanche se trouve face à l'entrée, plaqué au mur. Au milieu de la pièce un petit appareillage, guère plus gros qu'un magnétoscope, est disposé sur un petit tabouret. Enfin, un système de projection est fixé au plafond et dirigé vers l'écran. 
Après un préambule, à propos de la thématique de la soirée (quelque chose concernant l’amour si mes souvenirs sont bons), et un petit film qualifié de «publicitaire», en fait un montage d’après Paris, Texas de Wim Wenders, on passe au plat du jour, à savoir Nouvelle Vague de JLG, avec l’horrible Alain Delon, et une esthétique années 80 très kitsch, dont les dialogues sont uniquement constitués de citations plus ou moins véritables piochées dans diverses sources, mise en pratique de sa technique du collage tant visuel que littéraire, que Godard ne cessera d’expérimenter, notamment avec le montage de ses Histoire(s) de Cinéma. Passé un premier quart d’heure déconcertant, et physiquement éreintant (on comprend pourquoi les habitués se sont tous calés sur les côtés où on voit certes moins bien mais où on peut se reposer contre le mur), on n'attend qu’une chose c’est que le film finisse, et qu’on puisse repartir chez soi. Cela n’en finit plus et quelque part le film commence à gagner une fonction quasi hypnotique, Alain Delon se noie et puis réapparaît sous une autre identité sans que personne ne le reconnaisse. C’est un cauchemar ou quoi ?… Décidément je ne comprends rien, dommage que cela ne soit pas plastiquement plus joli sinon cela pourrait être presqu’intéressant puisqu’incompréhensible ! Environ deux heures plus tard, la lumière est rallumée et le film s’achève. Mais le départ n’est pas pour tout de suite, la discussion autour du film et de la thématique de la soirée commence et on n’ose pas s’en aller en douce. Ca discute sec ! Certains ont trouvé le film à chier et très prétentieux, la plupart ont été «impressionné» comme l’avaient pu être les premiers spectateurs du Cinématographe des frères Lumière. Des quelques femmes qui se trouvent présentes, seule une parle véritablement et tient tête à un péteux qui a vraisemblablement choisi le film et la thématique. Il est très docte et n’arrive pas à s’écarter d’un iota de son discours, manifestement préparé à l’avance et qui ne souffre aucune critique ou simple explicitation. On évoque Platon plusieurs fois, Le Banquet notamment, ce qui fait dire à l’un des spectateurs visiblement habitué qu’au Dojo on ramène toujours tout à Platon. Je me rends compte qu’à part l’histoire du bonhomme attaché dans la caverne et à qui on montre des ombres chinoises en lui faisant croire que c’est ça la réalité, je ne connais strictement rien à Platon. Comme aux autres philosophes d’ailleurs ! Finalement la discussion s’arrête à un moment, on annonce le programme des prochaines semaines et pendant qu’on rechausse nos chaussures le professeur de judo nous demande à nous, nouveaux spectateurs du Dojo, nos impressions, en avouant lui-même que la première fois c’est pas évident. On les laisse se baffrer après le film, et juste le temps de laisser quelque chose dans le panier situé à la sortie et on se sauve, en pouffant de rire comme des mômes qui auraient assisté à je ne sais quel spectacle auquel ils n’ont rien compris. L’expérience certes destabilisante devra-t-être renouvelée pour que le diagnostic définitif soit établi.

Mais bon attention on ne peut pas réduire une intiative, surtout quand elle se veut aussi ouverte, à une seule soirée. Le Dojo Cinéma ce n'est pas que des films de Godard avec Delon. Juste en feuilletant le programme des derniers mois, on a vu se dessiner un vrai éclectisme : des documentaires (Orson Welles ou Méliès avec un film de 1910 sur le fondateur du judo , un Japonais bien sûr, qui va présenter sa pratique à l'Empereur lui-même), des classiques (Murnau et son Nosferatu, ou bien encore Dreyer), des séances pour les enfants (films d'animation russes ou activités pratiques), un cycle sur plusieurs après-midi sur la science-fiction (Body Snatchers de Don Siegel entre autres), ouencore et surtout des choses beaucoup plus rares avec des soirées plus proprement militantes (comme celle ayant pour thématique "Eduquer le peuple, s'éduquer en peuple") ou expérimentales comme lors de la projection des films monumentaux de Peter Watkins, Punishment Park, film totalement improvisé dans le désert américain sur l'enfermement sur fond de guerre du Vietnam, et La Commune, film de 5H45 tourné à Montreuil même avec deux cents acteurs qui retracent de façon iconoclaste l'histoire de la Commune de Paris, en oubliant pas de le mettre en relation avec l'actualité. Et le Dojo n'est pas qu'un espace de réflexion, mais aussi un espace de création. Plusieurs projets ont vu le jour. Citons pour exemple, outre les fameux films "publicitaires" du Dojo Cinéma  qui ont pour vocation d'illustrer la thématique de chaque soirée, la mise en images de La Guerre des Mondes, d'après la version radiophonique qui révéla au grand public Orson Welles, ou encore ce Platon nous vienne en aide!, 1H30 d'images sur une musique de Xenakis. 

>>contacts>>
Dojo Cinéma>>35, rue du Progrès 93100 Montreuil
M° St Mandé (ligne 1) ou Robespierre (ligne 9)
01 48 59 37 09
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